Ils ont tué l’école – Marion Armengod

J’ai découvert Marion Armengod et son livre Ils ont tué l’école au cours d’une interview  de 10 minutes à la télévision. Ce qui m’a fait l’acheter ? Le fait qu’on mette des mots réalistes et non édulcorés sur les situations de la vie courante d’un enseignant, métier que j’ai exercé pendant 12 ans et très rarement dans les tons pastels !

Ils ont tué l'école - avis lecteur

 

De quoi parle Ils ont tué l’école ?

À la recherche d’un métier utile, Marion Armengod, journaliste, se laisse tenter par un poste d’enseignante en Seine-Saint-Denis, pour des remplacements.

Son contrat signé, la désillusion commence. Entre sa responsable qui la promène d’une école à l’autre, d’une ville à l’autre, le nombre alarmant des collègues victimes de burn-out, les élèves en grande détresse, les locaux indignes et le dilettantisme de sa hiérarchie, l’auteure retrace ses aventures, tantôt tendres, tantôt dramatiques, celles d’une jeune enseignante qui met ses convictions à l’épreuve et expérimente, avec un regard neuf, la réalité du terrain derrière le discours sur  » l’égalité des chances  » républicaine.

Éloge de la transmission, le livre est aussi un cri d’alerte sur la maltraitance des enseignants et la scolarité sacrifiée des élèves. Faute d’une prise de conscience rapide, la situation en Seine-Saint-Denis pourrait préfigurer celle de l’école publique entière…

 

Mon avis sur Ils ont tué l’école ?

Il se résume par les mots qui sont sortis de ma bouche une fois la couverture refermée : « Put***, enfin ! »
Je pense que c’est assez parlant !

Enfin un livre qui ne présente plus l’enseignement comme le plus beau métier du monde, celui de la vocation pour former de manière charismatique les futures générations avides de savoirs.
C’est l’image que j’avais pour ma part de l’enseignement à cause de toute la filmographie et de toute la bibliographie disponibles sur cette thématique. Autant dire que je n’étais ABSOLUMENT PAS préparée au crash-test du catapultage en classe. Si j’osais, je dirais même que j’aurais aimé lire/que l’on m’offre ce livre 12 ans auparavant.

Marion Armengod nous livre de manière chronologique son évolution durant une année scolaire en tant que contractuelle en école primaire, de son recrutement jusqu’au dernier jour de classe. On ne sait pas en lisant le livre qu’elle a tout arrêté à la fin de cette année pour reprendre son métier de journaliste. Je l’ai découvert lors d’une interview télévisée.

En tout cas, c’est assez édifiant de vérité. J’ai eu l’impression de retrouver ma propre expérience ! Comme l’auteur, la grande majorité de ma carrière dans l’Education Nationale est faite de remplacements avec une large majorité d’improbabilités.
Comme elle, j’ai vécu les couacs administratifs des affectations sur les remplacements, la détresse sociale des familles, la maltraitance des enfants, l’indifférence des collègues quand tu débarques comme remplaçante, l’arnaque de la surveillance de TOUTES les récrés, etc.
On sent toute l’incompréhension de l’auteur comme on la vit sur le terrain. Incompréhension qui se mue ensuite en fatalisme et parfois en exaspération normalisée. Parfois, il y a quelques sursauts de motivation offerts par une école à l’équipe souriante et soudée ou à des mômes « qui en veulent ».

Comme on travaille avec de l’humain, le tableau n’est pas totalement du cinquante nuances de dark. Il y a aussi de petites bulles d’oxygène et d’espoir que l’on savoure : un remerciement, un lapsus ou une gaffe innocente d’un élève, la naïveté des enfants, les sourires, les rencontres humaines, tout simplement. Il y a de sacrés c*** dans l’Education Nationale mais il y a aussi de belles personnes.
L’auteur les narre simplement, sans chichis, comme là aussi on les accueille dans nos quotidiens de professeurs.

Le chapitre qui m’a le plus estomaquée ?
Sans aucun doute celui sur l’intrusion violente dans une école. J’ai échappé de peu à l’intrusion d’une personne armée et décidée à tuer tout le monde dans un accès de folie lors de ma première année de titulaire. Je sais donc combien ce genre de situation nous laisse chancelants, choqués et perturbés du neurone pendant plusieurs jours. Aucune cellule psy de mise en place pour nous mais finalement, quand on lit l’expérience de Marion avec cette fameuse cellule, on se demande ce qui est le pire ! ^^

 

« Premières vacances scolaires, la Toussaint : Je suis épuisée ! Je comprends pour la première fois la nécessité des vacances régulières pour les enseignants, trop souvent raillée par les envieux, loin d’imaginer la concentration requise par cette profession. »

 

Au final ? School is dead ?

Almost. Peut-être que si tous les ignares qui se permettent de critiquer les enseignants sous tous les articles traitant des grèves de profs dans les feuilles de chou lisaient ce livre, on pourrait sauver ensemble l’Education Nationale.
Peut-être. Je ne sais pas honnêtement s’il n’est pas déjà trop tard pour éveiller les consciences. En tout cas, c’est ce que permet ce livre : un éveil des consciences sur ce qu’est un quotidien à l’école primaire entre volonté, impuissance, exaspération mais aussi entre quelques paillettes de joies quotidiennes apportées par l’innocence des élèves.
Ce témoignage ne va pas en profondeur de tous les problèmes mais il a le mérite de les pointer du doigt et de ne pas les taire.
Il en existe des milliers d’autres, non abordés, mais il faudrait plusieurs tomes pour traiter de tout ça !!
A offrir à un enseignant ou à un « hater » bourré de davantage de (fausses) certitudes que de connaissances en matière d’enseignement primaire et de vie dans un établissement scolaire.

 

Ma note : 18 / 20

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4 réponses

  1. Tellement d’écho … J’aurais aimé lire un bouquin du genre aussi avant de passer le concours. On est si mal préparé aux (nouvelles) réalités de ce métier ! Que tous ceux qui lorgnent sur les vacances scolaires et critiquent nos volumes horaires viennent y goûter …

    1. On n’y est pas du tout préparés oui ! Biberonnés à coup de Victor Novak, Coluche et autres Bruel, on n’a rien compris au jetlag social et pédagogique qui nous tombait sur le coin du cahier-journal !
      Je suis d’accord avec toi : que tous les critiques de comptoir aillent tester réellement le métier pour ensuite produire des critiques VRAIMENT argumentées ! 😉

  2. Ce livre a l’air super en effet! C’est sûr qu’on est loin de ce que j’avais imaginé! Mais parfois j’ai l’impression que si on virait le ministre, les gens qui prétendent nous dire comment faire et qu’on nous laissait juste faire notre métier, tout irait mieux!

    1. Il est très bien pour un premier état des lieux réaliste oui !
      Par contre, malheureusement, je pense que même en virant le Ministre, ça ne suffirait pas. Les gens sont trop méfiants et désabusés à l’égard de l’Ecole (de l’intérieur autant que de l’extérieur d’ailleurs).
      A vrai dire, je ne vois pas comment se sortir du trou dans lequel d’Education Nationale a été enterrée !

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