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Nora ou le paradis perdu

J’ai découvert un tsunalitt’ caribéen grâce à un autre blog littéraire.
Ce n’est pas une nouveauté brûlante (quoique…méfie-toi du soleil tropical) puisque le roman date de juillet 2015.
Et pourtant… Comment ai-je pu passer à côté ?
Si on se connait en dehors de ce boudoir, tu sais que je suis une grande Fan (avec un F majuscule) de Cuba, pays pour lequel j’ai eu un coup de coeur accompagné de ses artères fin 2010 lors d’un voyage en sac à dos, en totale découverte, sans rien connaître.
Je suis donc plutôt à l’affût de tout ce qui touche à ce sujet. Mon radar a dû basculer sans me prévenir sur « mode avion » à un moment, je ne vois que cette explication.

Il est à présent temps de réparer cette grossière erreur.
Je te présente mon coup de coeur de mars

NORA OU LE PARADIS PERDU

C’est un roman historique qui couvre la période allant de 1956 à 1981.

Mais ce n’est pas un roman historique, comme tant d’autres, pour t’aider à muscler tes paupières face à la lourdeur de la gravité. Fais demi-tour illico par rapport à ce préjugé.

C’est un roman historique PASSIONNANT au style fluide qui te fera devenir complètement dépendant au bout de 20% de lecture.
Cette facilité dans la narration ne doit pas être étrangère au fait que l’auteur, Cécilia Samartin, est d’origine cubaine. Elle a fui son pays à l’âge de seulement neuf mois en 1962 mais comme elle le confie, sa famille compte d’excellents conteurs qui l’ont aidée à mieux comprendre son « paradis perdu », le tout agrémenté de nombreuses recherches.

C’est ainsi que l’on suit Nora, de ses 11 ans à Cuba à son retour sur son île à l’âge adulte avec entre-temps une émigration aux Etats-Unis.
Elle nous raconte l’insouciance de son adolescence sous les tropiques auprès de sa famille si gaie, de sa cousine Alicia, aussi belle qu’intelligente, qu’elle adore du plus profond de son âme. Elle nous raconte tout cela si bien que l’on sent avec elle les particules de sel se déposer sur notre épiderme en bord de Malecon, que l’on sent nos orteils s’enfoncer dans le sable blanc de Varadero, ou encore que l’on apprécie la fraîcheur salvatrice de glaces au coco dans les rues étouffantes du Centro Habana.
Et puis un jour, la Révolution est arrivée. « Cet homme-là » (Fidel Castro) est arrivé au pouvoir en usant de subterfuges manichéens. Le communisme commençait à tisser sa toile empoisonnée.
Bon nombre de cubains avisés ont alors effectué les formalités nécessaires à l’obtention d’un visa pour les USA, mais avec le dos voûté par la douleur de devoir fuir leur pays chéri et la honte que font peser sur leurs épaules ceux qui ont choisi de rester. Nora, ses parents et sa petite soeur Marta faisaient partie de ceux-là.
On suit alors la jeune Nora durant cette adaptation si compliquée dans un pays dont elle ne parle pas la langue et dont elle ne maîtrise pas les codes (pas même celui de la couleur de peau), depuis un pays où les nouvelles de sa famille n’arrivent qu’au compte-gouttes notamment celles de sa chère Alicia dont la vie devient, années après années, un enfer. Comme tous les cubains dans un paradis en ruines.
La répression fait rage, l’île se meurt à la fois du dedans et du dehors, les mentalités pourrissent au même titre que les chairs.
Une fois adulte, Nora reviendra à Cuba pour aider sa cousine. Mais tous les cauchemars les plus terribles qu’elle a pu imaginer en Californie ne sont rien en comparaison de la réalité à laquelle elle va devoir faire face avec ce courage fier dont fait preuve son peuple face à l’oppression de ce régime totalitaire qui renie les droits de l’homme les plus élémentaires.
Sa foi et ses espoirs se délaveront-ils comme les façades aux couleurs vives des splendides bâtisses du temps jadis le long du Malecon ?

Malecon habanero

Je n’en dirai pas plus.
Je pourrais te raconter tout ce que ce livre m’a appris malgré mes deux voyages sur place. Tout ce que je devinais sans jamais oser imaginer l’ampleur du désastre d’un simulacre de socialisme poussé à son extrême.
Mais je ne saurais jamais le raconter avec des mots plus justes que ceux de Cécilia Samartin.

J’essaierai certainement, mais après mon voyage d’adieu à ce joyau des Caraïbes. Ce sera cet été 2016.
Le monde doit connaître l’histoire de ce pays et de ses habitants si attachants.
La version romancée de Nora ou le paradis perdu représente la perfection du genre. Emouvant juste ce qu’il faut sans tomber dans le misérabilisme de la pitié, réaliste sans être sermonnant ni accusateur implacable, bourré d’espoir sans être utopique irréaliste.
Poignant. Une merveille.
Et un thème de l’émigration tellement contemporain, tellement transgénérationnel. Tellement humain.Tu ne trouves pas ? 

Quelques citations en-rhum-ées :

L’employée de maison au moment du départ de Nora vers les USA :

« Quand mon peuple est venu d’Afrique, beaucoup ont perdu leur âme, mais certains ont survécu Nora. Ils n’ont jamais oublié qui ils étaient ni d’où ils venaient. Ceux-là étaient les plus forts, et je sais que tu seras forte comme eux. »

« Maman a dit que ma mémoire était meilleure que celle de toutes les personnes qu’elle ait rencontrées, et que, grâce à cela, j’étais riche, parce que les souvenirs sont comme des bijoux qu’on ne peut jamais te voler. »

*****
Ma note : 20/20

Pour ceux qui souhaitent compléter cette lecture par un film, je conseille TRES vivement le film Chala, une enfance cubaine.
Il sort en salles le 23 mars 2016 et tu peux trouver ma chronique ici.

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