L’enterrement de mes ex de Gauthier

Une madame-tout-le-monde sur la couverture, on parle d’enterrement de cette sous-espèce particulièrement compliquée à dompter, à savoir les ex.
Il n’a pas fallu plus d’une demi-seconde pour me convaincre d’ouvrir cette BD. 

Alors nous voilà, confortablement installées, ma tasse de thé et moi, prêtes à en découdre avec les ex, plutôt de manière sanglante, de préférence.
Parce que non, je n’avais pas lu le résumé, tu commences à me connaître maintenant.
Je préfère t’avertir que j’ai vite remplacé mon couteau à viande avariée par une cuillère, nettement plus pratique pour le thé.

Cette BD retrace la vie de Charlotte, pas vraiment jolie ni populaire mais pas vraiment une souffre-douleur non plus, depuis la classe élémentaire jusqu’au lycée dans les années 80-90. On la découvre enfant, se posant des questions sur l’amitié et (se) cherchant sa relation amicale idéale. On la suit pré-adolescente, avec son amie Sophie, qui incarne cet idéal jusqu’à ce que des questions de différence entre amour et amitié ne viennent compliquer l’affaire. Un tel bouleversement des sentiments n’est pas anodin.
Enfin, on la retrouve adolescente, presque adulte. C’est le temps des bandes de copains, des initiations à la vie et à ses travers, mais aussi à l’amour. Et ce qui n’était juste là que des interrogations devient une certitude. Une certitude du nom de Sandrine.

Mon avis ? 

L’homosexualité féminine. En voilà un thème complexe !
Même si de nos jours, les mentalités commencent à s’ouvrir sur ce sujet, l’histoire se situe surtout au début des années 90. Rappelle-toi du film Philadelphia datant de la même époque et où l’homosexualité était souvent associée au sida, que l’on pouvait attraper par un postillon malheureux.
J’ai donc été surprise de la décontraction de l’héroïne face à la prise de conscience de ses sentiments « contre-nature » et au fait qu’elle assumait plutôt bien. En public, moyennement, n’oublions pas qu’il s’agit d’une adolescente donc qui se cherche, par définition, néanmoins elle n’hésitera pas à faire ses expériences, voire à en parler à une amie plus ou moins proche.  

Le fait de suivre un personnage de son enfance à la limite de l’âge adulte est très appréciable pour suivre l’évolution de la mentalité et du « coming-out ». Si les amours adolescentes hétérosexuelles ne sont déjà pas évidentes, imagine un peu le noeud-rones que peut faire ici ce genre de relation ! 

Je me suis attachée à ce personnage bien retranscrit au fil des âges et ne faisant pas l’impasse sur le fait qu’à un moment donné, on ait pu avoir des paroles ou des actes malheureux, méchants, à l’égard d’une autre personne par mégarde, vengeance ou pour se protéger soi-même. Notre héroïne est donc une personne que l’on soutient mais que l’on aimerait baffer parfois. Un personnage humain avec ses failles. 

Les illustrations sont naïves avec un coup de crayon plutôt grossier, tout en rondeur, comme Charlotte et ses lunettes. La coloration est minimaliste, tout en noir et bleu. Il ne faudrait pas oublier que ce qui importe ici c’est le fond et non la forme.

Au final ? 

Cette lecture prenante m’a replongée à l’époque désagréable de l’adolescence mais en y ajoutant une contrainte supplémentaire, et pas des moindres, celle de l’homosexualité.
Le thème pourrait mettre mal à l’aise, mais il n’en est rien, car l’auteur a eu la finesse d’expliquer la découverte de cette orientation sexuelle de l’enfance à l’âge adulte. 
Et puis il te rappelle aussi que quel que soit l’âge et le sexe, on est toujours aussi stupide quand il s’agit d’amour !!  😄

*****
Ma note : 18/20 
 

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