Dans les coulisses du Théâtre du Capitole à Toulouse en images et en interview !


Il est important de préciser que c’est aussi dans les coulisses de l’Orchestre national du Capitole et du Ballet, et pas seulement du Théâtre ! Mon titre était déjà trop long pour le rajouter, oups !

Espace EDF du Bazacle



Depuis le 5 février et jusqu’au 15 mai 2016, ces hauts lieux culturels s’associent avec l’espace EDF du Bazacle (quartier Saint Pierre, en bord de Garonne) pour nous dévoiler lors d’une exposition haute en couleurs et sequins, les costumes, les décors, les instruments, les perruques de l’Orchestre, de l’Opéra et du Ballet du Capitole.
Des trésors plus inestimables les uns que les autres qui ravissent les yeux des plus jeunes aux plus âgés : j’ai vu des femmes de 4 à 65 ans émerveillées par les tutus finement brodés du corps de ballet !

 

Grâce à cette exposition, tu pourras découvrir l’histoire du lieu (vieux de quatre siècles tout de même, pas mal comme patrimoine !) ainsi que les savoir-faire des artistes de l’ombre.

Les explications sont données sur des affiches encadrées de taille assez modeste, il vaut donc mieux se rendre à cette expo un autre jour que le week-end, surtout si celui-ci fait un éloge climatique aux gastéropodes car les bousculades sont plus que désagréables !
Evite de faire la même erreur que moi, en somme !

Dans la « salle d’attente », installée à côté de la salle des machines, tu trouveras des fiches-jeux pour les enfants à remplir lors de la visite. Elles sont également très intéressantes pour les adultes, si, comme moi, tu ne connais rien à la constitution d’un orchestre classique et que les subtilités entre trombone et tuba t’échappent.

Et non, je n’en dirai pas davantage, il va falloir que tu ailles voir par toi-même ! (c’est GRATUIT au fait !)

 

Les costumes du Théâtre
Les perruques

 

Tenues de Ballet

 

 

Je te conseille aussi de profiter d’être dans ce bâtiment pour aller admirer la passe à poissons qui se situe en sous-sol, ainsi que les galeries et les ateliers scientifiques.
Si tu n’es pas sur Toulouse, voici de quoi te rattraper un peu !
Si tu es sur Toulouse, bouge toi le steak feignasse, et va le voir en vrai, c’est beaucoup mieux ! ^^
(mais tu peux regarder la vidéo après, hein !)

NB : Bien sûr, la passe à poissons peut s’utiliser dans les deux sens, mais surtout dans le sens de la remontée donc ce que j’indique comme étant la sortie, c’est en fait très souvent l’entrée… !  C’était pour voir si tu suivais ! ^^

 

Après t’être fait du bien à la cornée en images, je te propose un énoooorme bonus : les confessions d’une de ces artistes de l’ombre dont le savoir-faire n’a d’égal que la patience et les doigts magiques !
Fais-toi petit et discret, et viens écouter…chuuuut !

La World Coolture : En quoi consiste ton travail exactement ?
Artiste de l’Ombre : Je maquille les artistes de l’opéra (chant lyrique), du Ballet classique, je les coiffe, je m’occupe du « poil » comme les postiches et les perruques, et enfin des bijoux de tête.
Je ne m’occupe pas des artistes jouant dans les pièces de théâtre pour la simple raison qu’il n’y a pas de représentations de théâtre même si le lieu lui-même s’appelle le « Théâtre du Capitole »!

LWC : Depuis combien de temps exerces-tu ce métier ?
AdO : J’ai d’abord été intermittente avant d’être en CDD puis très bientôt en CDI. En tout, cela fait 10 ans.

LWC : Quelle a été ta formation professionnelle ?
AdO : J’ai passé un CAP coiffure, un CAP et un brevet professionnel d’esthéticienne (équivalent d’un bac pro). En parallèle j’ai passé des concours d’esthétique et j’ai deux fois été médaillée d’or en Haute-Garonne/Midi-Pyrénées.
J’ai également suivi une formation au Théâtre du Capitole.

LWC : Comment as-tu choisi ce métier ?
AdO : Bonne question. Je crois que c’est un rêve de petite fille. Avec ma formation de coiffeuse, j’ai rapidement été amenée durant la classe à maquiller mes copines puis avant les soirées du week-end et comme je n’étais pas mauvaise (rires), un réseau a commencé à se tisser par le bouche à oreille. La carrière était lancée !

LWC : Quelles sont les choses qui te passionnent dans ton travail ?
AdO : J’aime l’aspect artistique prédominant : je peux assister aux premières loges à l’organisation d’un spectacle (le montage et la réalisation des décors, la transformation des artistes, la réalisation des costumes et l’habillage). Nos équipes aident en général les artistes, par le grimage, à entrer dans la peau de leur personnage. Mais ce n’est pas facile pour tous ! Il est parfois compliqué d’accepter de s’enlaidir ! (rires)
J’aime aussi beaucoup le fait de côtoyer des personnes de nationalités différentes. En coulisses, beaucoup de langues se mélangent, au sens figuré !
J’apprécie enfin le travail qui ne peut se faire qu’en équipe, c’est comme une grosse usine qui ne peut tourner qu’en combinant nos forces et nos compétences.

LWC : A contrario, quels sont les aspects qui peuvent t’agacer ?
AdO : Facile : les lubies et les caprices des artistes !! Mais aussi les exigences des metteurs en scène.
J’exerce un métier où la perfection est une obligation, et comme on ne peut jamais l’atteindre, on est sans arrêt en train de lui courir après, à essayer de faire toujours mieux. C’est une grosse pression. Cette dernière est encore accentuée par le fait que nous sommes soumis à de nombreux changements précipités lors des spectacles et qu’il faut avoir une capacité à très vite s’adapter et rebondir face à de nouvelles contraintes, tout en étant donc, comme je l’ai dit juste avant, « parfait » !
Nos horaires de travail sont très fluctuants et changent fréquemment : on peut apprendre le week-end quel sera notre emploi du temps pour la semaine qui suit et qui commence le mardi ! Dans ces conditions, nous pouvons travailler jusqu’à 55h par semaine (sans compensation financière) et il y a peu de temps de repos. La fatigue peut être pesante et la vie personnelle compliquée au sein du couple, de la famille, des relations sociales et bien sûr, au sujet de la garde des enfants.

LWC : Comment se répartit le travail des différentes équipes ? Quel est le rôle de chacun ?
AdO : Chaque artiste, avant un spectacle, possède une convocation avec différents horaires pour passer entre les mains des équipes. Il commence d’abord par la mienne pour le maquillage et la coiffure, ensuite il passe à l’habillage.
Il y a différentes équipes. Tout d’abord, celles que j’appelle les équipes « fixes » qui se composent du personnel du Théâtre (même s’il y a des intermittents) : les chefs de services, les techniciens, les machinistes, les électriciens, les ingénieurs du son, les régisseurs, les habilleurs (pour l’habillage et les retouches), les costumiers (pour la création et la  confection des costumes), les maquilleurs et les perruquiers. Dans les équipes fixes, il y a également les personnes qui viennent régulièrement de l’extérieur travailler avec nous : les équipes de stockage et de fabrication (pour les décors, la scène par exemple).
Enfin, il y a des équipes inhérentes au spectacle lui-même : les metteurs en scène, les artistes.
Mais il y a aussi une exception car nous avons nos propres artistes « permanents » : le Ballet du Capitole, l’Orchestre National du Capitole, les choristes.

LWC : Dois-tu dessiner à l’avance les perruques que tu vas utiliser et les maquillages que tu comptes appliquer comme j’ai pu le voir sur certains croquis lors de l’exposition « Costumes en scène » ?
AdO : Oui, c’est ce que l’on appelle les fiches de maquillage. Les contours des visages sont déjà dessinés, nous n’avons plus qu’à coloriser pour modéliser le maquillage que nous utiliserons sur l’artiste.
Nous réalisons ces fiches pour chaque spectacle car elles permettent de garder en mémoire tout le grimage de chaque personnage que ce soit pour une nouvelle série ultérieure de représentations au Théâtre du Capitole ou dans une autre salle française. Elles suivent donc la troupe des artistes dans un dossier.
Les costumiers utilisent le même principe de fiches mais elles se nomment « maquettes », même si elles sont bien en 2D, comme les nôtres !

Crédit @Beautistas

LWC : Tous les spectacles se déroulent-ils dans l’enceinte du Théâtre du Capitole ?
AdO : Non, il y a aussi des représentations dans d’autres théâtres toulousains mais les prioritaires sont le Théâtre du Capitole et la Halle aux Grains.
Quand on s’échappe de ces deux lieux « attitrés », le travail est plus compliqué car moins organisé. On fait un peu de « camping » car nous n’avons pas de loges ni d’endroit alloué pour travailler. On doit s’en créer un. L’adaptation… On en a déjà parlé non ? (rires)

LWC : Penses-tu terminer ta carrière professionnelle dans ce métier ?
AdO : Je ne sais pas. On verra ce que la vie réserve !

LWC : Et si on jouait au PORTRAIT CHINOIS pour changer un peu ??
Si tu étais… le pire caprice de diva que tu as dû endurer ?
AdO : Il y en a plusieurs, mais si je devais vraiment n’en citer qu’un : changer quatre ou cinq fois la perruque d’un artiste qui était odieux car il m’insultait et m’humiliait à cause de mon anglais qui selon lui n’était pas assez bon. Il a même menacé de ne pas entrer sur scène si c’était moi qui continuais à m’occuper de sa préparation !! (Mariah Carey, tremble !! Tu es détrônée !)

LWC : Si tu étais… ton instrument de travail préféré ?
AdO : un pinceau

LWC : Si tu étais… un costume ?
AdO : une robe de diva, une de celles des chanteuses d’opéra

LWC : Si tu étais… le meilleur souvenir de ta carrière ?
AdO : Il y en a deux, impossible de trancher : le jour de l’annonce de mon embauche en CDI et ma première entrée dans la salle de spectacle. J’en garde un souvenir ému, c’était impressionnant.

LWC : Si tu étais… un spectacle sensationnel ?
AdO : Là aussi, il y en a deux : « Hippolyte et Aricie » qui est un opéra baroque de tragédie lyrique avec de très beaux costumes et décors, et « la Pericole » qui est une opérette, plus festive que l’opéra, avec de la danse.

LWC : Si tu étais… ta plus belle création ?
AdO : une perruque à la manière « Marie-Antoinette » pour un spectacle de Christian Lacroix avec des plumes et d’autres matières travaillées. Malheureusement, impossible de remettre la main sur une photo de mon oeuvre d’art (rires) pour te la montrer ! (ben zut alors, j’étais super curieuse, si tu la retrouves, n’hésite pas à faire signe !)

Et après quelques recherches fructueuses, voici la fameuse perruque !!

LWC : Si tu étais… le spectacle qui a pris le plus de temps et d’énergie aux équipes ?
AdO : « Le Salomé » ! Le metteur en scène était très exigeant, je passais presque mes jours et mes nuits au travail !

LWC : Pour terminer sur du positif…Si tu étais… le plus beau sourire croisé ?
AdO : Sans hésiter, celui des enfants, comme les petits rats de l’opéra ! Ils m’ont beaucoup touchée en venant même me demander un autographe… à moi !! Tu te rends compte ?

 

********
 

 

Oui, je me rends parfaitement compte. Maintenant.

Parce qu’avant de parler avec toi de ton métier, réellement et à cœur ouvert, je me rends compte que je ne connaissais pas la moitié de ce que j’ai découvert aujourd’hui.
Un GRAAAAAND et chaleureux MERCI !!
Ayant toujours été un peu réfractaire à tout ce qui se déroule à l’intérieur du Théâtre du Capitole, avec mes préjugés de soporifisme, j’ai maintenant envie de voir de mes yeux et d’entendre de mes oreilles tout ce dont tu m’as parlé !

Pas toi, petit internaute ?
On va à l’opéra avant d’avoir un abonnement à la carte Vermeil  pardon, Senior + ?
On mourra vieux mais un peu moins con et moins à l’étroit dans notre esprit !

 

N.B. point de vue : Pour (re)voir les photos de cette exposition, il suffit de suivre ce lien facebook : viensmatter !

2 réponses

  1. Bel article. Je trouve que c'est vraiment intéressant de mettre en lumière les gens qui travaillent dans l'ombre et réalisent des choses magnifiques. Sans eux, rien ne serait possible ; les spectateurs leur doivent beaucoup.

    1. Tu as très bien résumé mon ressenti. C'est comme dans une fourmilière, on a souvent tendance à admirer la reine et les soldats, en oubliant les ouvrières sans lesquelles tout le système s'effondrerait !
      J'admire leur travail !

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